Le château Grimaldi, mémoire de l’histoire longue de la ville d’Antibes, de la cité antique à la demeure du gouverneur du port de Louis XIV, est, depuis le départ de l’armée en 1924, un musée archéologique, devenu le musée Picasso. A l’invitation du conservateur Romuald Dor de la Souchère, Picasso, rencontré sur la plage d’Antibes, s’installe pour y peindre en 1946. Période féconde, elle livre une production exceptionnelle offerte par Picasso. Œuvres réalisées pendant la pénurie de la reconstruction, ce sont des peintures sur des supports industriels, plaques de fibrociment ou de contreplaqué réalisées au Ripolin.

Ancien musée archéologique, il est désormais la mémoire de ce moment unique de création, prolongé par une collection d’œuvres contemporaines, comme les sculptures de Germaine Richier spectaculairement mises en scène sur la terrasse face à la mer. Le musée porte aussi la mémoire de l’autre géant d’Antibes, Nicolas de Staël, représenté entre autres par son œuvre monumentale Le Concert.

Le projet conduit par l’agence Pierre-Antoine Gatier, en dialogue avec le conservateur Jean-Louis Andral, a répondu à des besoins de modernisation du musée. Le musée Picasso est une histoire exceptionnelle, il est l’atelier où ont été produits des chefs-d’œuvre de la peinture contemporaine, le lieu de tournage mythique du Mystère Picasso d’Henri-Georges Clouzot. Le projet a privilégié, avec la plus grande conviction, un respect radical de l’esprit du lieu. Intervention essentielle, le volume de l’atelier de Picasso a été reconstitué, le grand parquet recréé et la fenêtre face à la mer réouverte, recomposant les photographies des Cahiers d’art. En dialogue avec ces œuvres, les usages d’un nouveau musée ont justifié la création de structures architecturales contemporaines.