La mosquée de Tsingoni est implantée au coeur de la commune, et marque l’entrée à l’est du village de Tsingoni, précédée d’une grande place protégée à l'origine par un rempart défensif, totalement disparu aujourd'hui. La mosquée (hors extension en béton au nord et à l’ouest du bâtiment historique), le sol et deux mausolées shiraziens sont protégés au titre des monuments historiques par arrêté le 25 mars 2015. A cette protection s’ajoute plus récemment l’inscription du minaret le 7 avril 2017, construit entre 1991 et 1994.

La mosquée de Tsingoni est l’un des bâtiments les plus anciens de l’île, et pourtant toujours en activité aujourd’hui, fait relativement rare à Mayotte. Elle s’inscrit au sein du corpus des mosquées swahilies de l’Océan Indien et de la côte est africaine. Elle se caractérise par sa richesse historique et représente un patrimoine archéologique exceptionnel pour Mayotte et pour la France.

Constituée de structures maçonnées composées de moellons de corail hourdés à la chaux coralienne, elle est construite lorsque Tsingoni devient capitale du sultanat au 16ème siècle, sur les fondations d'un premier édifice attesté dès le 13ème siècle. A proximité immédiate de la mosquée, se développe une aire funéraire incluant des mausolées à dômes et des enclos funéraires bâtis. Dans un périmètre un peu plus large, un secteur d’habitat, avec les vestiges d’activité domestique (puits, silos, foyer…), semble s’organiser jusqu’à la probable enceinte fortifiée. Elle est ensuite conservée au fil des siècles avec des modifications au gré des besoins (multiples remaniements de portes, baies, léger agrandissement, bassins, mihrab, etc.). La mosquée fait l’objet de campagnes de travaux d’agrandissements dans les années 1980 et 1990 avec notamment l’aménagement d’un patio côté Ouest et du minaret au Nord, ouvrages réalisés par l’Atelier Mahorais d’Architecture. Au début du 21ème siècle, de nouveaux aménagements en béton sont réalisés : la démolition du patio pour créer un espace fermé, la création d’un étage au-dessus de celui-ci pour y installer une seconde salle de prières, l'aménagement d'une terrasse.